A quoi bon rêver ?

Le rêve : le grand tri sélectif selon les scientifiques

L’intérêt des scientifiques pour les rêves et leur fonction est relativement récente. Leurs recherches se sont intensifiées ces dernières années avec l’apparition des neurosciences. Dans l’état actuel des connaissances scientifiques occidentales, les rêves permettent de maintenir le bon fonctionnement du cerveau.

Effectivement, lors du sommeil, l’activité cérébrale continue et se concentre sur l’archivage des informations recueillies pendant la journée. Comme brillamment illustré dans le film d’animation Vice et Versa, le cerveau va analyser les informations et définir ce qui doit être stocké sous forme de souvenirs ou ce qui doit être évacué.

Le fonctionnement des rêves et l’utilité des scénarios créés restent un mystère. La plupart des scientifiques affirment que le contenu des rêves n’a absolument aucune utilité ou sens pour l’être humain.

Le rêve : l’annonciateur et le ciment de la communauté, selon les sociétés "primitives"

Dans presque toutes les sociétés primitives à travers le globe, le rêve joue un rôle central. Par exemple, dans la cosmologie des Aborigènes, « le Temps du Rêve » représente le récit de la création. C’est également un portail vers l’Invisible qui permet de voyager au-delà du temps et de l’espace où l’on peut y recevoir des messages et des présages.


Chaque jour, ils forment un cercle et racontent leurs rêves. Dans ces sociétés « primitives », comme chez les Iroquois, par exemple, chaque matin, les individus formaient un cercle et partageaient leurs rêves. Il se dit que cela leur a permis de gagner plusieurs batailles en se préparant à des attaques annoncées lors de rêves prémonitoires.


Au-delà de nos croyances personnelles, le partage des rêves leur a permis de construire une société solidaire et bienveillante envers chaque personne. N’oublions pas que les rêves sont une des choses les plus intimes que nous possédons et nous les partageons avec parcimonie. Ces sociétés encourageaient aussi leurs membres à la recherche spirituelle individualisée. Effectivement, même si chaque communauté possédait un.e chaman.e, la connexion au Divin et à l’Invisible par le Rêve n’était pas vue comme un don divin. Toute personne était considérée comme apte à recevoir des messages et à utiliser son intuition.

Le rêve : le révélateur de notre psychologie, selon les psychanalystes

Le père de la psychanalyse, Sigmund Freud, a été le premier à considérer que les rêves étaient liés à la fonction mentale et un accès vers l’inconscient. Pour lui, les rêves permettaient l’accomplissement du désir conscient ou inconscient, refoulé ou non. La signification même du rêve était à interpréter, car, selon lui, les rêves dissimulaient leurs messages en utilisant des symboles.

 

Carl Jung s’est opposé à cette théorie en affirmant que les éléments du rêve n’étaient pas à décoder, mais qu’ils apparaissaient comme ils devaient l’être. Par exemple, prenons le cas d’un rêve « typique » comme déterminé par Freud : rêver de perdre ses dents. Pour lui, les dents symbolisaient l’appareil sexuel, et la perte était la peur de l’impuissance sexuelle. Pour Jung, ce qui était important était la situation : perdre ses dents est une situation que l’on vit lors du passage de l’enfance à l’adolescence. La perte de dents marquerait donc la peur du changement intérieur.  Malgré la divergence des propos, Freud et Jung considéraient que les rêves étaient un révélateur de notre inconscient et de notre psychologie.

Les bienfaits du Rêve

L’intérêt de rêver s’appuie principalement sur les deux experts en rêves : les sociétés « primitives » et les théories psychanalytiques de Sigmund Freud, mais principalement de Carl Jung.

Du divertissement

Un terrain d'expériences

Les enfants adorent les histoires. À travers le récit, ils vivent des expériences, rencontrent des personnages, développent leurs émotions et leur empathie. Cela les prépare au monde dans lequel ils vivront. Adultes, nous gardons cet intérêt pour les histoires : les ragots, les faits divers, les histoires drôles ou racontées sur les réseaux sociaux, les romans, les films et les séries font partie de notre quotidien. Il en va de même avec les rêves : ils nous racontent des histoires faites d’expériences et de sensations : nous rencontrons des personnages, découvrons des paysages, et sommes traversés par des émotions.

 

La différence majeure est que dans la réalité, ces histoires nous sont racontées, là où dans les rêves, nous les vivons. Lorsque vous rêvez de voler, vous vivez cette sensation de vol. Le développement de la réalité virtuelle tente de reproduire exactement ce qui arrive dans les rêves. Vous avez donc à votre disposition un casque de réalité virtuelle totalement gratuit et adapté à vous.

Une évasion

Comme évoqué précédemment, les rêves sont similaires à la lecture ou le cinéma, par exemple : ils permettent de couper avec notre réalité. Nous vivons dans un monde terriblement dur, difficile et souvent injuste. Rêver apporte de la fantaisie, de la légèreté et renforce notre imagination. C’est une respiration, une vraie pause après une journée active. Le fait de pouvoir s’évader de notre condition nous aide à supporter et faire face à notre quotidien.

 

Cependant, bon nombre d’entre nous rêvent également de leur quotidien de façon angoissante : leurs problèmes ont tendance à les poursuivre pendant la nuit. La mise en place d’un sas de décompression symbolique ou de rituels avant l’endormissement peuvent aider à couper avec sa journée et à retrouver des rêves plus sympathiques. Si vous faites face à ce genre de problème, une consultation permettra de travail sur des solutions adaptées et personnalisées. 

 

 

Un équilibre psychique

Un mieux-être

Dans nos sociétés occidentales, l’inconscient, dont les rêves font partie, est fortement délaissé au profit de la conscience qui est, par conséquent, surexploitée. Laisser de la place à votre inconscient au moment où il est censé être en charge, donc la nuit, est important. Cela permet un équilibre psychique entre ces deux fonctions naturelles du cerveau. Afin d’assurer la survie, la conscience peut refouler des expériences ou des traumatismes. L’inconscient, quant à lui, va vouloir évacuer ce vécu en le faisant émerger, notamment, par le rêve.

 

À la suite d’un massage, une connaissance, était submergée par des rêves incessants la plongeant dans les abus qu’elle avait vécus enfant. Sous les mains de la masseuse, les traumatismes du corps s’étaient réveillés et se manifestaient par le rêve. Celui-ci s’apparente au souvenir en proposant est une expérience physique et immersive. Faire face à ses traumatismes est très douloureux. Mais, cela permet de retrouver son intégrité et son équilibre psychique et physique. Il est important d’être accompagné et soutenu lors de cette prise de conscience.

Un exutoire

Tout au long d’une journée, nous accumulons une bonne dose de frustration, car contre toute attente, le monde ne tourne pas autour de nous et ne comble pas tous nos désirs.
Les rêves sont encore une fois à notre disposition pour nous aider faire face à ce trop-plein de frustration en comblant nos désirs, puisque dans les rêves tout est possible. C’est la théorie de Sigmund Freud.

 

Néanmoins, je pense que le cerveau créé un scénario alternatif à une frustration avant tout pour pouvoir l’évacuer. Satisfaire une situation qui n’aurait jamais pu l’être dans la vraie vie, permet au cerveau de ne pas bloquer son fonctionnement mental. Le cerveau créé des rêves qui transforment la négativité en positivité. Par conséquent, cela libère de dopamine, voire de sérotonine, créant un bien-être immédiat.

 

 

Un alter ego bienveillant

Une aide précieuse

Malgré ce qui est souvent véhiculé, notre conscience n’est pas toujours la plus à même d’agir. Voici une expérience que j’ai vécue :

Un soir, chez moi, un mal de tête se déclare. J’attends quelques heures, mais rien n’y fait. Je décide alors d’aller me coucher, pensant que le sommeil fera disparaître la douleur.

En plein milieu de la nuit, je rêve que je suis dans la maison de mon enfance, et que je me lève pour descendre boire un verre d’eau dans la cuisine. Mon père qui se trouve dans le salon conjoint me demande ce que je fais, levée à cette heure-ci. Je lui dis que j’ai mal à la tête et il me répond que je n’ai qu’à prendre un cachet.

Je me réveille et trouve la réponse de mon père tellement évidente que je m’exécute en prenant un cachet avant de me rendormir, mettant fin à mon mal de tête.

Mon inconscient a construit un scénario basé partiellement sur des souvenirs pour résoudre un problème conscient, physique et présent. Il est intervenu, car ma solution consciente n’était pas efficace. De plus, il m’a préalablement préparé à l’action : dans mon rêve, je m’étais déjà levée et m’étais déjà servi un verre d’eau. Quand je me suis rêvée, cela m’a semblé facile malgré mon état vaseux parce que je venais juste de le faire. 

En plus de résoudre un problème, mon inconscient a fait intervenir une personne d’autorité pour m’amener à agir. Mais également une personne qui, par sa présence, m’a apporté du réconfort, me sentant dorénavant plus seule pour résoudre un problème.

 

Une mémoire renforcée

Quelques semaines plus tard, je repense à ce rêve. Et je remarque que je me rappelle exactement et précisément de chaque détail de ces quelques nuits où je m’étais levée la nuit quand j’étais jeune. La plupart du temps, j’étais seule, mais il y avait bien quelques fois la présence de mon père, instauré dans son fauteuil, dans le salon, en plein milieu de la nuit.

 

Toutes les sensations de ces nuits me sont revenues comme si j’étais littéralement transportée dans mes souvenirs : la fraicheur de l’air, le grincement des escaliers, la froideur du carrelage, le bruit du tourniquet où étaient les médicaments, la matière du manche du robinet, la lumière diffuse de la hotte, et le tabouret de la cuisine dont quelques fibres de rotin étaient effilés et parsemés de peinture blanche.

J’ai alors réalisé à quel point notre inconscient stockait un nombre infini de souvenirs et de détails accessibles à tout moment.

Une meilleure connaissance de soi

Avoir accès à son inconscient de façon quotidienne vous permet de découvrir des aspects de vous-même que votre conscience refoule. Dans le cas extrême de traumatismes, votre mémoire peut devenir défaillante et des pans entiers de votre existence peuvent disparaître. Notre personnalité qui repose en partie sur notre vécu peut perdre sa cohérence, elle peut alors se modifiée, se morcelée, voire s’effritée.

Lorsque des traumatismes réapparaissent à travers des rêves, la personne à l’opportunité de se réapproprier son expérience et son vécu. Cela favorise la connaissance de soi, mais également l’histoire que l’on se raconte à soi-même et qui contribue à consolider la personnalité.

De manière plus générale, les rêves se composent en partie de nos souvenirs. Ainsi, le fait de faire revivre des moments de notre vie, mais différemment, nous donne un nouveau point de vue sur cette situation, sur notre comportement et notre personnalité. On se redécouvre autrement.

Un révélateur

Le cerveau cherche à nous satisfaire. Par conséquent, la forme d’un rêve nous renseigne sur la nature du rêveur et sur son état émotionnel. Dans le cas d’une frustration vécue dans une journée, le rêve pourra jouer plusieurs rôles :

  • un rôle réconfortant en créant un rêve d’évasion
  • un rôle de défouloir en créant un rêve de vengeance
  • un rôle de focalisateur en créant un rêve de redite
  • un rôle d’amplificateur en créant un cauchemar
  • un rôle de révélateur en créant un rêve symbolique
  • un rôle d’inspirateur en créant un rêve créateur

Une guidance

Le fait d’être connecté à ses rêves permet de renforcer son intuition. Par conséquent, on devient plus autonome dans la gestion de nos émotions, dans notre vie quotidienne et dans notre développement personnel. On comprend alors plus rapidement ce qui est bon ou non pour nous. Les rêves, à travers leurs messages, nous poussent également à agir, ils sont comme des guides qui aident à être plus aligné avec nous-même et en paix avec nos décisions.
On peut être étonné de rêver de choses que l’on ne connait pas. Encore une fois, les rêves en posant des énigmes nous poussent à développer notre conscience de nous-même et du monde.

 

J’ai, une fois, rêvé qu’un cachalot était très gentil avec moi et me protégeait, moi et ma famille. Je me suis réveillée avec une sensation de joie et de grande tendresse pour les cachalots dont je me suis empressée de regarder des photos sur internet. C’est comme cela que je me suis retrouvée à écouter une conférence d’une heure et demie (à découvrir ici) sur les liens affectifs entre les cachalots organisés en matriarcat et qui disposent de garderies. Un animal qui mérite d’être mieux connu ! Par cette expérience, j’ai compris que les rêves mettre à notre disposition un nombre innombrable de chemins, de possibilités. C’est un terreau d’une incroyable richesse. Les rêves, chaque nuit, nous tendent des perches, et c’est à nous de les saisir.